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La conservation des cosmétiques : entre polémiques et enjeux de santé publique (chapitre 1)

Dernière mise à jour : 16 oct. 2020

La conservation des cosmétiques est un vaste sujet, qui suscite beaucoup de polémiques.


Car quand on pense conservation, on pense bien évidemment conservateurs, qui n’ont pas vraiment le vent en poupe.

Mais qui dit conservation des cosmétiques, dit aussi (et surtout!) protection des consommateurs.


Et peut-on parler de conservation des cosmétiques sans aborder la question de la conservation de l'efficacité des principes actifs présents dans nos cosmétiques ? et celle du rôle des consommateurs dans la bonne conservation de leurs produits ?

La question de la conservation des cosmétiques est donc un sujet extrêmement large et complexe, mais fondamental, car il est à la croisée des chemins entre protection des consommateurs (vis à vis des risques liés à l'instabilité bactériologique des cosmétiques mais aussi de ceux liés aux conservateurs eux-même) et efficacité des cosmétiques.

C’est pourquoi j’ai choisi d'aborder ce sujet en 2 temps :


- Le premier post (ci-dessous) traitera de l’épineuse mais fondamentale question de la conservation microbiologique des cosmétiques au niveau réglementaire et donc du process industriel, et des polémiques qui existent autour de certains conservateurs


- Le second abordera la question de la conservation des cosmétiques sous l’angle préservation des principes actifs (et donc efficacité des formules) et également sous l'angle consommateur (quelle est la responsabilité des consommateurs dans la bonne conservation de leurs cosmétiques).



Prenez votre inspiration, mettez votre blouse blanche, et embarquez avec moi dans le monde complexe et chahuté des conservateurs






Chapitre 1 : la conservation microbiologique des cosmétiques

1/ A quoi servent les conservateurs?


Pour comprendre l’enjeu qui existe autour des conservateurs cosmétiques, il convient de rappeler que chaque fabricant européen de cosmétiques est dans l’obligation de faire tester ses produits par un laboratoire indépendant qui examine sa résistance à certaines souches de bactéries qui sont introduites dans le produit cosmétique. Il s’agit du « challenge test ». Tant que ce test n’est pas passé avec succès, le cosmétique ne peut être mis sur le marché.

Ce test sert à protéger les consommateurs européens : si le produit n’est pas stable, peuvent apparaître bactéries, levures, champignons qui peuvent être dangereux pour les utilisateurs (irritations, allergies, inflammations etc…).

Les risques de contamination se rencontrent essentiellement au niveau:

- des matières premières : le constituant peut alors déjà être contaminé si il a été mal conservé depuis son extraction.

- de la fabrication : au moment de la préparation ou de la mise en pot.

- de l’utilisation : au contact de l’air ou lorsque l’on utilise nos doigts pour prélever le produit.

Certaines galéniques et certains packagings sont plus propices au développement de bactéries :

- Les produits contenant une phase aqueuse majoritaire (eaux micellaires, crèmes, sérums aqueux, shampoings...)

- Les crèmes conditionnées dans des pots dans lesquels les consommateurs mettent régulièrement les doigts

- Les produits de grande contenance (eaux micellaires conditionnées dans de grands packagings par exemple)




2/ Les différentes catégories de conservateurs


L’annexe V du règlement CE 1223/2009 relatif aux produits cosmétiques énumère 59 conservateurs autorisés dans la formulation cosmétique, leur seuil de concentration maximal autorisé ainsi que d’autres restrictions en fonction de la nature du conservateur. Chaque produit cosmétique présent sur le marché européen doit être conforme au Règlement et à ses annexes.



Les conservateurs peuvent être classés en différentes catégories:

  • Les conservateurs de synthèse

Parmi lesquels nous retrouvons notamment :

- les parabens ;

- le phénoxyéthanol

- le triclosan ;

- le cetrimonium bromide

- le méthylisothiazolinone.

  • Les conservateurs naturels :

· l' alcool naturel, ou Alcohol, issu de la fermentation de fruits ou de céréales,

· l' extrait de pépins de pamplemousse (Citrus grandis seed extract)

· le Leucidal ou Leuconostoc/Radish Root ferment

· le Naticide ou Plantaserve Q


  • Les agents fonctionnels

A côté de ces conservateurs listés par la réglementation européenne existent des agents fonctionnels qui jouent un rôle de conservation mais dont ça n’est pas le rôle principal (d'où le fait qu'ils ne soient pas dans la liste officielle des conservateurs) : c’est le cas des glycols et de ses dérivés. Il s’agit d’ingrédients qui permettent de booster la conservation et de limiter voire d'éviter l'utilisation de conservateurs traditionnels.


ATTENTION!

Même BIO, les produits cosmétiques sont dans l’obligation de garantir une stabilité micro-biologique, et les conservateurs utilisés sont rarement d'origine naturelle (d'où le taux de naturalité affiché sur les produits certifiés BIO ou NATURAL très souvent compris entre 95% et 99%, du fait de la présence de conservateurs synthétiques). Si ceux-ci peuvent quelquefois être légèrement irritants ou asséchants, ils présenteraient toujours moins de risques que ceux présents dans les conservateurs conventionnels.


Voici ceux que l’on retrouve le plus fréquemment dans les produits certifiés BIO : · l' acide benzoïque (INCI : benzoïc acid)

· l' acide sorbique (INCI : sorbic acid)

· l" alcool benzylique, ou Cosgard (INCI : benzyl alcohol)

· l' acide dehydroacetique, DHA ou Geogard (INCI : dehydroacetic acid)

· le sorbate de potassium (INCI : potassium sorbate)





3/ Pourquoi les conservateurs font-ils polémiques ?


Les conservateurs font l’objet de critiques et de méfiance de la part des consommateurs car :

- certains peuvent s’avérer allergisants ou irritants. Cela s’explique par le fait qu’ils luttent contre tout micro-organisme, ce qui peut perturber la flore microbienne de la peau.

- d’autres sont par ailleurs fortement soupçonnés d’être des perturbateurs endocriniens.

- d’autres encore sont accusés d’être d’importants polluants

- enfin certains seraient soupçonnés d'être cancérigènes


Voici les 6 conservateurs à éviter sur lesquels il y a globalement un consensus quant aux risques qu'ils entraineraient :

1. Les parabens

Cette famille de conservateurs synthétiques (Paraoxybenzoates) est utilisée dans pratiquement tous les types de produits cosmétiques non bio. Si certains conservateurs de cette famille ne semblent pas problématiques du tout, d’autres sont très controversés et par prudence doivent être évités : le propylparaben, le butylparaben et l’isobutylparaben.

2. Le phénoxyéthanol

Ce conservateur de la famille des éthers de glycol, très répandu dans les produits cosmétiques, est largement montré du doigt car il présenterait des risques cancérigènes, serait un perturbateur endocrinien, présenterait des risques sur la fertilité masculine, et serait nocif pour le foie et le sang. Par ailleurs il serait hautement allergisant.

3. Le méthylisothiazolinone (MIT)

Ce conservateur très utilisé et très controversé est montré du doigt pour son fort pouvoir irritant.

4. Le triclosan

C’est un anti-bactérien synthétique accusé d’être notamment un perturbateur endocrinien et d'engendrer des problèmes de fertilité. Il aurait en outre des effets néfastes sur le foie, et serait à l'origine d'allergies.

5. Les formaldéhyde et libérateurs de formaldéhydes (DMDM hydantoïne, diazolidinyl urea, imidazolidinyl urea, methenamine et quarternium-15)

Ils sont fortement controversés car seraient irritants pour la peau, les yeux, les voies respiratoires et pourraient favoriser les cancers de la sphère ORL.

6. Le cetrimonium bromide

C’est un conservateur chimique largement utilisé (eaux micellaires notamment) et qui est un allergène reconnu, très irritant.


4/ Peut on se passer des conservateurs ?

Ça dépend ! Car il faut évidemment prendre en compte que l’objectif numéro 1 doit rester la protection des consommateurs.

Mais il existe des solutions pour éviter les conservateurs dans les cosmétiques, d’autres pour limiter leur utilisation, tout en garantissant une protection optimale des consommateurs face à un risque de prolifération bactérienne.

Certains process ou formes de cosmétiques permettent d'éviter totalement les conservateurs :

- la fabrication de cosmétiques stériles (process UHT notamment)

- les cosmétiques anhydres (sans eau) telle que les cosmétiques huileux, les cosmétiques solides, les cosmétiques en poudre

- les packagings airless évitant tout contact de la formule avec l’air et les bactéries extérieures

- l'utilisation d'eau gélifiée ou d'eau ionisée

Certaines solutions permettent de limiter l’utilisation de conservateurs :

- le choix de packagings protecteurs pour les formules (airless, mais aussi tout simplement les flacons pompes qui évitent, contrairement aux pots, tout contact direct et répété des consommateurs avec le cosmétique)

- la conservation par le froid qui permet de limiter l’utilisation de conservateurs, le froid limitant fortement la prolifération bactérienne (conservation au froid qui est préconisée pour les hydrolats, les gels naturels d’aloé véra…)









En résumé:

Quand vous choisissez des crèmes en pots, des eaux micellaires grand format, des sérums aqueux dans des flacons avec pipettes, des cosmétiques avec une PAO (Période après ouverture) très longue... vous savez désormais que les doses de conservateurs intégrées dans les formules ont toutes les chances d'être importantes car les risques de proliférations bactériennes sont élevées!


Donc conseil numéro 1 si vous cherchez à éviter ou à diminuer les conservateurs: aller sur des produits solides, des produits sans eau, des sérums huileux, des cosmétiques dans des packagings fermés (airless ou flacons pompes), des petits formats plutôt que des grands.



"Parce que la protection de mes futurs consommateurs est mon souci numéro 1, la gamme de cosmétiques sur laquelle je travaille sera 100% d'origine naturelle, sans conservateurs synthétiques, tout en garantissant une parfaite conservation et stabilité microbiologique.

Nous travaillons ainsi sur l’ensemble des facteurs qui permettent de limiter la présence de conservateurs, même naturels : packaging, process de fabrication et de conservation tout au long de la chaine de production, de commercialisation et d’utilisation chez vous."


Hâte de vous en dire plus ! 😊





Sources bibliographiques:


- Règlement CE 1223/2009 https://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=OJ:L:2009:342:0059:0209:fr:PDF

- FEBEA https://www.febea.fr/fr/vos-produits-cosmetiques/ingredients-cosmetiques/a-quoi-servent-conservateurs

- COSMETICOBS

- laboratoire NAO https://pro.laboratoires-nao.fr/tout-savoir-sur-les-conservateurs-cosmetiques/

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