top of page

Sourcer ses matières premières auprès de petits producteurs : pourquoi ça n’est pas si simple!

(voire même très compliqué!)


Ayant passé les dix dernières années à la tête d’une grande interprofession agricole réunionnaise qui comptait plus de 800 producteurs, le fait de sourcer directement les matières premières cosmétiques qui allaient être au cœur de ma gamme de produits était plus qu’une envie ! c’était une évidence pour moi.


J’aime ce contact direct avec les producteurs, comprendre leurs problématiques, les accompagner dans leur développement et leur structuration, être au plus près de la matière première que je souhaite valoriser dans mes soins.


Mais derrière cette « évidence » il y a certaines réalités qui nous rattrapent, et qui font que l’aventure est bien plus complexe qu’elle n’y paraît.


Dans ce nouvel article, j’ai donc eu envie de partager avec vous l’envers du décor, et les difficultés auxquelles on est confronté lorsqu’on décide d’utiliser des matières premières que l'on achète en direct sur des petites exploitations familiales.


Chaussez vos bottes et sortez vos K-ways: je vous emmène dans les champs, au sommet des montagnes réunionnaises.






1. La dimension réglementaire


La dimension réglementaire est certainement uns des réalités à laquelle j’ai été confrontée en premier ! Et pourtant, en ayant travaillé avec les institutions européennes puis dans le milieu agroalimentaire, je m’y connais un peu en complexité administrative.


Chaque matière première entrant dans la composition d’un produit cosmétique doit disposer d’une dizaine de documents différents pour permettre au toxicologue, qui valide le produit cosmétique final, de donner son feu vert pour sa commercialisation :

- Fiche technique du produit

- Fiche de données de sécurité

- Fiche de spécifications

- Certificat REACH

- Rapport d’étude toxicologique

- Attestation de présence ou absence d’OGM, pesticides, allergènes, métaux lourds etc…

Et j’en passe !


Je vous laisse imaginer la tête de mes producteurs quand mon laboratoire de formulation leur a transmis les 2 pages de documents à fournir !


Ces documents sont très lourds à réaliser, nécessitent des analyses couteuses en laboratoire.… de quoi effrayer le plus vaillant des agriculteurs ! Et la plus courageuse des entrepreneures cosmétiques.


Consciente que les producteurs ne me suivraient pas si je ne les accompagnais pas dans cette démarche réglementaire, j’ai fait le choix de prendre à ma charge l’ensemble des analyses pour le compte de mes producteurs réunionnais, avec le soutien de l’institut technique en charge des filières végétales de la Réunion (ARMEFLHOR).

C’est également moi qui ai travaillé sur la rédaction et la formalisation de l'ensemble des documents réglementaires demandés.


C'est un travail fastidieux et complexe, qui m'a néanmoins permis de maitriser parfaitement les matières premières qui sont présentes dans la gamme de cosmétiques que je développe. Ce qui n'aurait pas du tout été le cas si j'étais passée par un fournisseur de matières premières.




2. Le coût


Oui, le coût de cette démarche est lourde, beaucoup plus que de passer pas des fournisseurs de matières premières qui sont en capacité de transmettre tous les éléments demandés au toxicologue.

Les analyses à réaliser sont couteuses, et comme indiqué précédemment, il peut être difficile de demander à des petits producteurs de les prendre intégralement à leur charge.


Passer par un organisme extérieur qui vous accompagne sur la rédaction des différentes fiches et attestations demandées est possible, mais a également un coût important. Cela peut cependant vous permettre de gagner du temps, et surtout d’avoir des fiches rédigées par des professionnels.


Mais encore faut il avoir un budget spécifique à allouer à cela ! Ce qui est loin d’être évident quand on est une petite start-up en développement.




3. L’assurance d’avoir un sourcing durable, en quantité et en qualité


L’autre difficulté qu’il ne faut pas négliger, c’est la capacité des petits producteurs identifiés comme de potentiels partenaires, à fournir régulièrement la matière première nécessaire, avec une qualité constante.

La matière première qui compose les produits cosmétiques impacte en effet fortement le résultat produit, que ce soit en termes d’odeur, d’efficacité ou de stabilité.

C’est pourquoi chaque lot de matière première doit faire l’objet d’analyses préalables, pour s’assurer que la matière première est conforme à vos attentes. Là encore, c’est un coût à prévoir!


Et il est important, dans le cadre de la contractualisation avec ses producteurs, de définir un cahier des charges précis, avec les caractéristiques physico-chimique et microbiologiques de chaque lot.

Il est également plus prudent de s’appuyer sur plusieurs producteurs, qui pourront fournir la matière première nécessaire, pour ne pas prendre le risque de se retrouver en rupture d'approvisionnement!

Mais qui dit plusieurs producteurs, dit démultiplication des coûts et du travail réglementaire....







CONCLUSION:


Voilà en quelques mots mon expérience, et les difficultés que j'ai rencontrées et que vous rencontrerez sans aucun doute si vous vous lancez dans cette merveilleuse aventure qu’est le sourcing direct auprès de petits producteurs !


Pour ma part, ces difficultés n’ont fait que renforcer mon souhait de pouvoir accompagner mes producteurs, les aider à se structurer et à se professionnaliser. Cela a donné encore plus de sens à mon projet. Et quel plaisir de savoir d'où viennent mes matières premières, de les avoir vu pousser, de les avoir récoltée au champ, et de connaître l'histoire de de ceux qui les produisent.


Ce qui aurait pu être vécu comme des freins à notre collaboration a au contraire renforcé la dimension partenariale de nos projets respectifs.

En un mot : grandir ensemble, et partager nos rêves!



371 vues1 commentaire

1 Comment


Herve Feat
Herve Feat
Feb 26, 2021

Une très belle aventure!

Like
bottom of page