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Le casse-tête du choix des packagings cosmétiques


Bonjour à tous !


Quand je me suis lancée dans cette aventure entrepreneuriale, j’étais bien entendu pétrie de bonnes intentions avec la ferme volonté de choisir un packaging avec l'impact environnemental le plus faible possible.

Cela paraît être un combat légitime, et surtout pas très compliqué. Mais quand on commence à creuser la question, cela devient un VRAI casse-tête. Verre ? plastique bio-sourcé ? plastique recyclé et recyclable ? aluminium ?

Quelle est la bonne solution ? Et y a-t-il réellement UNE bonne solution ?


J’avais envie de partager avec vous la réalité à laquelle j’ai été confrontée en m’intéressant à ce sujet qui nous concerne tous, que l'on soit entrepreneure de la beauté ou simple consommatrice de produits cosmétiques. Vous ne regarderez plus jamais vos emballages cosmétiques de la même manière!






Le verre, le plus vert?

Au début de mon aventure, c’était une évidence : j’utiliserai du verre, car cela me paraissait être le matériau le plus clean qui existe. Recyclable à l’infini, il a tout bon !

La réalité est cependant moins binaire qu’elle n’en a l’air : si le verre est effectivement recyclable à l’infini, il demande énormément d’énergie à la production, pour atteindre les 1500° nécessaires à sa fusion.

Mais c’est aussi un matériau lourd, qui impacte donc le bilan carbone logistique du produit final. Sans compter qu’il est fragile, et qu’il nécessite donc des matériaux de calage plus importants que pour des packagings en plastique.

Enfin, le packaging ne peut pas être uniquement en verre : on lui ajoute une pompe (au mieux totalement en plastique, au pire avec du métal), un capot etc… qui eux sont rarement recyclables.

Au final, sa recyclabilité et son caractère éco-responsable sont beaucoup plus compliqués que cela pouvait en avoir l’air au début.

Le plastique, pas si fantastique?

Il existe plusieurs types de plastiques (PE, PP, PET, PVC etc…), plus ou moins recyclables. Et plus un flacon est composé de différents matériaux, plus sa recyclabilité est compromise! Actuellement, seuls les flacons et les pots en polypropylène (PP), en polyéthylène (PE) et en polyéthylène téréphtalate (PET) sont recyclés. Néanmoins, les plastiques ne sont en général pas recyclables plus d'une fois ou deux.

Néanmoins, nous rencontrons la même problématique que pour le flacon en verre : mieux vaut, dans la mesure du possible, être sur du plastique mono-matériau que sur de plastique avec une pompe avec un ressort en métal, impossible à recycler.

On est obligés de reconnaitre au plastique, même s'il demeure aujourd'hui l’ennemi N° 1 à éviter au maximum, certains avantages : il est léger et a donc un bilan carbone de transport plus faible que le verre, et peut être recyclé (sous certaines conditions).

Ecocert a publié une liste des emballages cosmétiques approuvés dans le cadre de la certification qui est intéressante et qui permet de faire des choix plus éclairés (https://ap.ecocert.com/glpackaging/)



Le plastique végétal, LA solution GREEN?

Au départ, cette solution me paraissait être l’eldorado! Faire du plastique végétal, sans pétrochimie, cela fait rêver ! Et en plus certains packagings sont réalisés à base de canne à sucre. Alors forcément, ça me parle !

Néanmoins, quand on apprend que la canne à sucre utilisée est produite au Brésil…on ne peut s’empêcher de s’interroger sur le bilan carbone du plastique de canne à sucre !? Sans parler de la déforestation qui fait rage au Brésil…

Pas si simple donc quand on gratte un peu le vernis marketing.

Et si l’utilisation de matières biosourcées peut permettre d’éviter une partie de la consommation de ressources fossiles, elle ne constitue pas une alternative à notre surproduction de plastique. Les quantités de plastiques produites et consommées chaque année dans le monde sont en effet telles que les substituer complètement par des matières naturelles entraînerait des effets contre-productifs certains : concurrence avec la production alimentaire, dégradation de la qualité des sols, impacts environnementaux liés aux cultures, etc.

Il n'en reste pas moins que c'est une tendance à suivre et à ne pas négliger.


L’aluminium, c'est l'hallu?

L’aluminium est incontestablement une solution intéressante : léger, opaque, recyclable à l’infini, il aurait donc tout bon?

Pas totalement!

Sa fragilité fait que les emballages sont souvent cabossés…et donc finissent en invendus. Ce qui constitue donc un vrai point faible.

De plus, la production d'aluminium engendre de la pollution atmosphérique et des déchets toxiques lors des phases d'extraction et de transformation

Enfin, sauf si le packaging est 100% en aluminium (pots, flacons avec bouchon en aluminium), il est souvent associé à des accessoires en plastiques (pompes, dispenser etc...) avec les mêmes problématiques que pour les autres matériaux : le nécessité d’un tri amont pour permettre la recyclabilité du pack en aluminium.




Je vous ai présenté dans les grandes lignes les différentes solutions de packagings, mais le choix d’un packaging ne peut se faire uniquement sur catalogue, en fonction des avantages et inconvénients de chaque matériau. Il y a d'autres critères qui entrent en jeu et qui impactent fortement le choix final du packaging :


  • la compatibilité contenu/contenant:

En effet, il est impératif que des tests soient réalisés sur la compatibilité d’un produit cosmétique avec son contenant.

Certaines matières premières peuvent « attaquer » le packaging, ce qui entrainerait des échanges chimiques entre le contenu et le contenant. C'est une des raisons pour lesquelles les huiles essentielles sont conditionnées dans du verre, car elles pourraient entrainer une dégradation des plastiques, avec un risque pour la santé humaine.


  • la conservation des cosmétiques et la préservation des actifs

Un autre critère à prendre en compte : la conservation des cosmétiques. Là aussi, il est important de choisir son packaging en fonction des actifs présents dans les cosmétiques, et leur sensibilité : doivent-ils être protégés de la lumière ? être protégés du contact de l’air afin d’éviter leur oxydation ?

Là encore, des tests sont réalisés pour tester la stabilité du produit cosmétique dans son emballage final. C’est ainsi que certains produits sont présentés dans des emballages airless, afin d’éviter tout contact avec l’air qui pourrait entrainer oxydation et prolifération bactérienne.


  • le minimum de commandes

Et oui, c'est un point à ne pas négliger et qui rajoute encore de la complexité au choix des packagings!

Lorsque vous lancez une marque de cosmétiques, vous ne pouvez pas vous engager sur des minimum de commandes (MOQ) de 50 000 pots ou flacons. Or c'est malheureusement souvent le cas, ce qui réduit très fortement le choix réel dont dispose une jeune start-up comme la mienne.

Et très souvent, les nouveaux matériaux (PE végétal) sont soumis à ces minimums de commandes, et sont donc inaccessibles pour une jeune entreprise. Grrrrr...





CONCLUSION :

Le sujet n’est pas simple. Et la filière cosmétique en est totalement consciente et travaille énormément sur cet aspect, notamment sous la pression des consommateurs.

En effet, 64% des consommateurs du secteur de la beauté classent spontanément la recyclabilité comme 1er critère d’un emballage respectueux de l’environnement.

Maintenant il ne faut pas oublier que le meilleur des déchets est celui qui n’est pas produit ! L’idéal est donc de limiter les emballages et de les supprimer quand cela est possible





Et moi?

Quels ont été mes choix dans le cadre de mon projet?


Dans le cas du développement de ma gamme de cosmétiques, j’ai fait par exemple le choix de ne pas proposer de surpackagings (packaging en carton qui emballe le produit fini). Ce surpackaging est utile pour l’aspect visuel et marketing, et pour permettre un rangement plus facile des produits en rayons, mais finit 9 fois sur 10 (si ce n'est plus souvent) à la poubelle. Et je ne parle même pas des sur-sur-packagings comme les films plastiques qui recouvrent l'emballage cartonné des parfums et qui eux finissent 10 fois sur 10 à la poubelle!

Compte tenu de la sensibilité des actifs que j’utilise, j'ai opté pour une partie de la gamme dans des packagings en verre foncé, et une autre partie dans du plastique PP airless monomatériau certifié Ecocert pour protéger au maximum les formules et leur efficacité. J'attends avec impatience les tests de compatibilité à venir pour valider mes choix de packaging. (car sinon, retour case départ!)


Quand je vous disais que le choix du packaging était un vrai casse-tête!

De l’art de faire des compromis et de choisir la solution « la moins pire » pour la planète, la plus adaptée à nos formules et à nos contraintes de jeunes entreprises.





Sources bibliographiques:

"Recyclabilité des emballages de la beauté- Concevoir pour mieux recycler", édité par la FEBEA et CITEO




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